Moissac, ville de Justes oubliée : témoignages et transmission de la mémoire

Colloque Moissac Des Villes et des Justes final samedi 28 mai

Deux journées mémorielles et historiques ont été organisées les 28 et 29 mai par l’association « Moissac, ville de Justes oubliée » : témoignages passionnants, émouvante cérémonie de nomination des Justes et transmission de la mémoire ont composé le programme de cette rencontre.

Après la 1ère édition organisée en 2013 pour rappeler à la ville et ses habitants son passé de ville protectrice pendant la Seconde Guerre Mondiale, Jean-Claude Simon, enfant caché à Moissac et président de l’association « Moissac, ville de Justes oubliée », a initié une nouvelle rencontre ayant pour sujet d’étude le rôle de la population dans 3 lieux : le Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), Dieulefit (Drôme) et Moissac. La question de l’accueil, du sauvetage des enfants juifs et de la résistance dans ces 3 villes françaises était au cœur des échanges.

En partenariat avec le Réseau Mémorha et le soutien scientifique du LARHRA (laboratoire de recherches historiques de Rhône-Alpes), des historiens, des conférenciers et des témoins ont alimenté les débats. Trois tables rondes étaient au programme pour échanger et réfléchir :

* pour le Chambon-sur-Lignon : la question des « personnalités et institutions protestantes dans le sauvetage » a été abordée par Gérard Bollon, spécialiste du Chambon, Aziza Gril-Mariotte, responsable du lieu de Mémoire du Chambon et Charles Finel ;

* pour Dieulefit : Bernard Delpal, historien et directeur scientifique de la rencontre, Max Turteltaub et Sam Grynspan, tous deux témoins, ont évoqué « Le Pays de Dieulefit, miroir du sauvetage français » ;

* et pour Moissac, François Boulet et Catherine Lewertowski, historiens accompagnés de Jean-Claude Simon et Henri Jouf en tant que témoins, ont échangé sur la thématique « du sauvetage des enfants et l’engagement résistant des jeunes et adultes juifs» ;

* Katy Hazan, archiviste de l’œuvre de Secours aux Enfants et l’historienne Cindy Banse ont conclu cette riche journée, ponctuée de récits passionnants.

 

Trois villes ayant fait preuve d’humanité

Pendant la Seconde Guerre mondiale, ces 3 communes ont fait preuve de courage et d’humanité, les habitants se mobilisant pour protéger et cacher de nombreux enfants juifs. Ces 3 hauts lieux de protection ont sauvé environ 2000 enfants. A Moissac, de 500 à 600 enfants ont transité dans la maison située quai du Port, sous le regard bienveillant et la complicité des moissagais. A l’issue de l’occupation, 95% des juifs ont été sauvés dans ces 3 localités, contre 25% sur le territoire français.

Des films et des créations artistiques pour comprendre

La pièce de théâtre « le Petit Chaperon Uf » dirigée par Jean-Claude Grumberg au Hall de Paris le samedi soir ainsi que des expositions photo et une projection de 3 documentaires au cinéma le Concorde étaient à découvrir pendant le week-end.

Beate et Serge Klarsfeld : «  traquer les criminels nazis »

Dimanche matin, Beate et Serge Klarsfeld ont donné une conférence passionnante, témoignant de leur traque des criminels nazis devant un auditoire captivé. La recherche de ces individus et le rassemblement des pièces justifiant leur condamnation a été le combat de leur vie. Le procès de Cologne (1979) a mis en évidence la connaissance personnelle que les accusés avaient du but et de la destination de la déportation des juifs français.

A noter : le colloque donnera lieu à un rapport scientifique, qui sera prochainement disponible.

Moment fort de ces journées, la médaille et le diplôme de « Justes parmi les nations » ont été remis, à titre posthume, à Pierre Etienne et Alida Bourel ainsi qu’à leur fils Henri Elie et sa femme Renée, représentés par leur petit-fils Francis Bourel, pour avoir sauvé Bernard Simon durant l’occupation allemande.

Voir le diaporama des conférences au Hall de Paris

Cérémonie des Justes du 29 mai 2016

Colloque Moissac Des Villes et des Justes final samedi 28 mai