La cérémonie des Justes
Le titre de « Juste parmi les Nations » est décerné au nom de l’Etat d’Israël par le mémorial de Yad Vashem (situé à Jérusalem, construit en mémoire des victimes juives de la Shoah), aux personnes qui ont sauvé, au péril de leur vie, des personnes juives pendant la Seconde Guerre mondiale.
Ce dimanche 29 mai, Anita Mazor, consul général de l’Etat d’Israël à Marseille et Pierre Osowiechi, vice-président du Comité Français pour Yad Vashem ont remis à titre posthume la « Médaille et le Diplôme des Justes parmi les Nations » à Pierre Etienne et Alida Bourel ainsi qu’à leur fils Henri Elie et sa femme Renée, représentés par leur petit-fils Francis Bourel, aujourd’hui âgé de 75 ans, pour avoir sauvé Bernard Simon durant l’occupation allemande.
Après une première allocution du Maire Jean-Michel Henryot, plusieurs personnalités se sont succédées à la tribune : Pierre Osowiechi vice-président du comité français pour Yad Vashem, David Assouline et François Bonhomme, respectivement sénateur de Paris et du Tarn-et-Garonne, Christian Astruc, président du Conseil départemental et Anita Mazor, consul de l’État d’Israël à Marseille. Les collégiens de la cité scolaire François Mitterrand ont lu un poème et quatre élèves de l’institution Jeanne d’Arc se sont mis en scène en parcourant le poème du pasteur « Martin Niemöller.»
Pour clôturer cette émouvante cérémonie qui se déroulait sous le haut patronnage du Président de la République, le préfet Pierre Besnard a rappelé que « la République défend le principe de laïcité, afin de protéger toutes les populations qui composent notre pays » puis la chanteuse Laura Mayne a interprété les hymnes nationaux « Hatikva » et « La Marseillaise. »
L’histoire d’un sauvetage dans le contexte moissagais de l’époque
Lors de sa prise de parole, le maire Jean-Michel Henryot a rappelé l’implication de la ville et de ses habitants dans le sauvetage d’enfants juifs :
« Ville d’histoire, Moissac a su au cours des siècles accueillir ceux qui cherchaient un secours et un refuge. Après la Grande Guerre et dès la montée des dictatures dans leurs pays respectifs, italiens et espagnols sont venus s’installer à Moissac. A peine sortie du drame des inondations catastrophiques de 1930, la ville est confrontée à l’afflux des réfugiés de l’exode, venant de la région du Nord et de l’Est de la France mais aussi de Belgique.
Dans un remarquable élan de solidarité, la commune va, à l’initiative du maire d’alors, Roger Delthil, organiser la prise en charge de tous ces déracinés. Tout au long de la guerre, le docteur Moles, maire « désigné » par le régime de Vichy en mars 1941, va poursuivre cette politique.
A cette même période, la communauté juive fait l’objet de persécutions. Les responsables des Éclaireurs Israélites de France (EIF) se soucient d’évacuer les enfants des villes vers des zones moins exposées. C’est dans ce contexte que Shatta et Bouli Simon s’installent à Moissac et ouvrent une maison d’accueil pour les enfants juifs (aussi bien français qu’étrangers) au 18 quai du Port à Moissac, immeuble qui restera pour tous « la Maison des enfants de Moissac. »
En 1942, après avoir échappé à la rafle du Vél d’Hiv, Bernard Simon, alors âgé de 18 ans, trouve refuge à Moissac en rejoignant son oncle Bouli. Placé dans la famille Bourel dans le quartier de la Madeleine, il est considéré comme un fils, vivant et travaillant à la ferme, partageant tous les événements familiaux. Muni de faux papiers au nom de Simonnet avec une mention d’âge inférieur pour échapper au Service du Travail Obligatoire, il restera dans la famille Bourel jusqu’à la Libération. Après la guerre des liens amicaux ont perduré entre les deux familles. »
Grâce à la complicité active ou tacite de tous, 500 enfants juifs sont passés par Moissac et ont été sauvés, préservant leur vie mais aussi leur âme. Lorsque les choses sont devenues plus difficiles, la chaîne ne s’est pas rompue et certains ont été évacués vers des lieux moins exposés, notamment au Chambon-sur-Lignon, d’autres furent intégrés dans plusieurs familles moissagaises dont ils devinrent les enfants.
La famille Bourel : 4 nouveaux moissagais « Justes parmi les nations »
En 1984, « la Maison des Enfants » était reconnue. En 2004, la place Bouli et Shatta Simon a été inaugurée. En avril 2013, s’est tenu un premier colloque sur la question des villes de Justes et la promenade de l’Uvarium est devenue l’esplanade des Justes.
Après Manuel Barrac, Henriette Ducom, Alice Pelous et Jean Gainard à la fin des années 1980, la Ville de Moissac a reçu le diplôme reconnaissant le couple Ernestine-Maria et Albini-Jean Ginisty en tant que Justes parmi les nations pour avoir sauvé Jean-Claude Simon, à l’occasion du 70è anniversaire de la Libération de la ville, le 20 août 2014.
Le 15 juillet 2014, l’institut de Yad Vashem à Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les nations à Pierre Etienne et Alida Bourel ainsi qu’à leur fils Henri Elie et sa femme Renée pour avoir sauvé Bernard Simon durant l’occupation allemande. La cérémonie du 29 mai 2016 leur a rendu hommage.
Désormais, la commune comptabilise 10 Justes parmi les nations. Après la reconnaissance d’actes individuels, l’action collective de la population est reconnue puisque Moissac a intégré en 2015 le Réseau « Villes et Villages des Justes de France », regroupant les municipalités françaises ayant donné le nom de « Juste parmi les Nations » à une rue ou une place de leur localité, en hommage aux Français qui ont par leur courage, sauvé des familles juives, d’une mort certaine.
Diaporama des 2 journées :
*Colloque : les conférences au Hall de Paris