Sollicitée fin 2011 par le laboratoire d’archéologie pour entreprendre une étude sur l’église St-Martin, la municipalité a répondu favorablement à ce projet. Une convention a ensuite été signée entre le laboratoire d’archéologie de l’Université du Mirail et la commune.
Organisée à l’initiative de la mairie et de l’association Mémoire et Patrimoine, la conférence a réuni près de 170 curieux. Jean-Paul Nunzi et Paul Miloche président de l’association, ont accueilli Bastien Lefebvre, maître de conférences en histoire de l’art et archéologie du Moyen Âge aux côtés de Danièle Borde et de Chantal Fraysse, conservatrice du Centre d’Art roman à Moissac.
Jean-Paul Nunzi a rappelé que ce projet de recherche avait pu voir le jour grâce à la contribution de la municipalité, qui a notamment apporté son soutien logistique avec la mise à disposition de matériel et de personnel. Elle a aussi pris en charge le décaissement initial (en fournissant la pelle mécanique et le chauffeur) ainsi que les repas des douze fouilleurs.
En lien avec les 12 membres de l’équipe, le service patrimoine a organisé cet été des visites du chantier de fouilles. Le nombre de visiteurs ayant souvent dépassé les prévisions, cette opération a connu un vif succès aussi bien auprès des touristes que des Moissagais, curieux de mieux connaître les origines de la ville.
L’histoire du site
L’ambition de cette nouvelle campagne de fouilles était de redécouvrir les parties déjà fouillées entre 1930 et 1940 par Armand Viré, scientifique parisien installé à Moissac par alliance. Il avait réussi à sauver Saint-Martin d’une destruction programmée par la Société des Chemins de Fer en classant l’église Monument Historique en 1922. Il faut dire que cette église est curieusement positionnée car coincée entre la ligne de chemin de fer au nord et la Route Nationale 113 et le canal de Garonne au sud, creusé en bordure du Tarn. Au début du XXème siècle, l’église a été désaffectée puis abandonnée en 1910.
Lors de ses fouilles en 1934, Armand Viré avait établi que l’église Saint-Martin se situait sur un système de chauffage pour des bains d’époque gallo-romaine et qu’une nécropole était localisée au pied des fondations.
Pourquoi engager une nouvelle campagne de fouilles en 2012 ?
Les dernières fouilles datant de 1947, les outils de recherches ont aujourd’hui évolué. Il était légitime que l’archéologie du XXIe siècle apporte ses réponses. La recherche historique a porté sur 2 éléments : mieux connaître l’étude du bâti du monument et tenter de dater quand le bâtiment antique est devenu une église.
L’opération archéologique de 2012
Après avoir décaissé le site extérieur à une profondeur de 1,50 mètre, le dispositif de bain et le passage vers les bains chauds ont été redécouverts. De nombreuses sépultures et un sarcophage ont aussi été mis au grand jour.
Phénomène rare pour être souligné, les murs antiques ont été parfaitement conservés. On peut affirmer que la construction d’origine était une riche villa comprenant des thermes (bains) sur lesquels l’église St-Martin s’est superposée par la suite.
L’intérieur de l’église a aussi été nettoyé, ce qui a permis de découvrir le sol de circulation antique et des caveaux anciens.
Les bains de l’ancienne villa gallo-romaine étaient chauffés par un hypocauste, système de chauffage par le sol utilisé à l’époque romaine et gallo-romaine dans les riches maisons particulières. La localisation des emplacements des caldarium, tepidarium et frigidarium (bains chauds, tièdes et froids) est désormais claire. Moissac peut s’enorgueillir de posséder les termes parmi les mieux conservés de France grâce à l’hypocauste intacte.
L’archéologue a conclu la restitution en précisant que la grande majorité des maçonneries de l’église Saint-Martin provenaient du réemploi de la partie thermale de la villa antique, fondée vers la fin du 3ème siècle. Son architecture de pierres et de briques démontre l’évolution de sa structure au cours des siècles qui se transforme en lieu de culte. C’est probablement vers le 11ème siècle que le site devient une église paroissiale, composée d’une chapelle et d’une nécropole, statut qu’elle conservera jusqu’au 18ème siècle.
L’église verra ensuite quelques modifications. Vers le 17ème siècle, le porche est construit. Au 19ème siècle, une chapelle et la sacristie (aujourd’hui détruite) sont ajoutées à l’édifice.
L’église Saint-Martin fera-t-elle prochainement l’objet d’une valorisation touristique ?
Jean-Paul Nunzi a précisé qu’un nécessaire travail de protection est à mener pour conserver et protéger le site, qui souffre aujourd’hui de nombreuses infiltrations d’eau souterraines. Dans le cadre du label « Ville d’art et d’Histoire », des visites touristiques pourraient valoriser Saint-Martin afin de faire connaître le site.
Saint-Martin de Moissac est connue comme étant une des plus anciennes églises de France, sinon la plus ancienne. Désormais, on parlera davantage de Saint-Martin, en tant que site remarquable possèdant des thermes exceptionnellement bien conservés et appartenant à une vieille villa gallo-romaine…